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Blogue de Hélène Arsenault


jeudi 11 octobre 2012

Mylène Gilbert-Dumas, Geneviève Blouin et Georges Leblanc

Voici l'intégral de ma chronique littéraire du Sans Papier de la Teluq du mois d'octobre.  Bonne lecture à tous! Je prend les suggestions de lecture, si vous en avez (auteurs québécois strictement).

Au menu ce mois-ci : Yukonnaise de Mylène Gilbert-Dumas, Hanaken, la lignée du sabre de Geneviève Blouin et Georges Leblanc avec Au-delà des limites et l’Océan prédateur.
Yukonnaise, de Mylène Gilbert-Dumas chez VLB éditeur
YukonnaiseUne écrivaine vient passer une partie de l’hiver au Yukon avec l’espoir d’y trouver le sujet de son prochain roman. Sur la route qui relie Whitehorse à Dawson City, elle prend une femme en auto-stop et réalise qu’il s’agit d’Isabelle St-Martin, une esthéticienne dont elle a déjà été la cliente.
Avec ce douzième roman de Mylène Gilbert-Dumas, l’intrigue est posée dès le début : qui est donc cette Isabelle, début quarantaine et complètement convertie au mode de vie yukonnais « à la dure ». Lorsque l’écrivaine la prend en auto-stop, Isabelle porte une parka, d’énormes bottes d’hiver, ses cheveux courts, et son apparence générale est négligée. Comment s’expliquer dès lors son cheminement, lorsqu’on apprend qu’elle travaillait autrefois comme esthéticienne à Québec, qu’elle prenait une heure minimum à se pomponner avant de sortir, souvent deux, et que sa vie avait tout du superficiel. Dès le départ, la curiosité est piquée et maintenue jusqu’à la fin. L’auteure dénoue avec habileté les revirements qui ont fait d’Isabelle cette femme forte et indépendante qu’elle est devenue au Yukon. Yukonnaise nous fait visiter un coin de pays bien méconnu pour la plupart, avec ses paysages merveilleux comme on ne peut que les imaginer, des nuits étendus à observer les aurores boréales, des cabanes en bois rond sans électricité ni eau courante, isolées de toute civilisation. Un monde d’autonomie totale, de réclusion souvent, mais surtout de liberté. Un endroit que l’auteure a visité d’abord en résidence d’écrivain, et qu’elle prend grand plaisir, on le sent, à nous faire découvrir à notre tour. Une belle lecture qui m’a également plongée dans une douce nostalgie des années 80 et 90 en remontant le temps aux côtés d’Isabelle.
Fait à noter, Mylène Gilbert-Dumas a écrit davantage de romans historiques par le passé dont une série se déroulant justement dans le Yukon durant la ruée vers l’or, Lily Klondike. Une belle lecture, bref, qui porte à la réflexion sur notre société de consommation et nos vrais besoins, sans poser de jugement, à l’instar de ces Yukonnais que l’auteure apprécie tant, et nous de même à la suite de cette lecture.
Hanaken, la lignée du sabre de Geneviève Blouin, chez Trampoline – roman jeune adulte
La lignée du sabre
Japon, ère des « Royaumes en guerre », fief du clan Takayama.
Suite à la mort brutale de leurs parents, deux adolescents de la famille Hanaken, Satô et Yukié, sont forcés de se tailler une place dans le monde des adultes.
Ce faisant, ils découvrent bientôt que leurs alliés sont impliqués dans un complot visant le chef du clan, le seigneur Takayama. Or, Yukié et Satô ont leurs propres raisons d’en vouloir à Takayama…
Dans ce Japon des samouraïs, où il ne fait pas bon se rebeller contre l’autorité, Satô et Yukié sauront-ils déjouer les machinations, survivre à la guerre qui se prépare et racheter l’honneur de leur famille?
Historienne de formation, spécialiste en arts martiaux et surtout connue pour ses nouvelles de genre (noir, horreur, fantastique), Geneviève Blouin publie ici son premier roman splendidement illustré par Sybiline. On y découvre les us et coutumes des familles de samouraïs à cette époque, leurs armes, leurs vêtements, la place des femmes et celle des différents membres d’une famille. Oui on s’instruit beaucoup sur le Japon au fil du récit, mais c’est surtout la remise en question de ces deux jeunes gens, Yukié et Satô, qui marque, et dont le point culminant se résume en une décision aux conséquences funestes. J’ai offert ce livre, recommandé à partir de 12 ans, en cadeau à une jeune fille de 10 ans sans l’avoir encore lu tellement j’avais confiance en la plume de l’auteure, mais quelques seppukus plus tard, je me demandais comment sa mère apprécierait! Je n’avais pourtant pas à m’inquiéter, la jeune fille a beaucoup aimé sa lecture et n’a pas fait de cauchemars. Pour ma part, j’ai trouvé le personnage de la jeune fille, Yukié, plus fort et plus attachant que celui de son frère, surtout dû à sa position délicate d’otage du seigneur Takayama qui lui fait voir un tout autre côté des choses. Arrivera-t-elle à exécuter la mission qu’on lui a confiée et à racheter l’honneur de sa famille?
L'ombre du daimyoAu cœur de l’honneur et de la loyauté, il y a bien sûr cette question fondamentale : devrions-nous accorder une confiance aveugle en nos aînés, car ils savent mieux que nous, ou au contraire nous forger notre propre opinion basée sur nos expériences et connaissances?
Dans ce monde ancien et à 14 ans, rien n’est moins évident.
Je recommande donc chaudement ce livre à tous les jeunes gens, comme les moins jeunes, appréciant les épopées de guerre et de samouraïs, ou simplement fanatiques d’histoire.
Le tome II, Hanaken, l’ombre du daimyôchez Phoenix, vient tout juste de sortir en librairie et je vous en parlerai certainement dans une prochaine chronique.
Vous pouvez discuter avec l’auteure et connaître ses autres projets sur le blog qu’elle tient ici :http://laplumeetlepoing.blogspot.ca/
Au-delà des limites et L’Océan prédateur, de Georges Leblanc chez Les éditions de la francophonie
Au-delà des limites
Qui n’aime pas un bon récit d’aventures épiques, surtout quand l’histoire relate celle d’un skipper renommé en solitaire, et son voilier qui coule au beau milieu de l’Atlantique? C’est le récit que nous propose Georges Leblanc avec Au-delà des limites, alors qu’il reprend pour nous tous les détails qui ont conduit son voilierTriller vers le drame en septembre 1998, lors d’une épreuve de qualification pour la course en solitaire « La Route du Rhum ».
Georges Leblanc est un conteur né. Personnage très médiatisé du monde de la voile, il se livre ici avec candeur et humour sur les événements ayant précédé l’abandon de son voilier au milieu de l’océan. Que vous soyez amateur de voile ou non, vous ne resterez pas insensible devant les tribulations de cet homme à la volonté de fer, à la résilience phénoménale et à son charisme indéniable. Mais outre le drame qu’il a vécu, il saura bien vous dépeindre son amour de l’océan et de ses habitants qu’il respecte et admire plus que tout. Mais de grâce, à ne pas lire avant le coucher, vous aurez le mal de mer!
L'Océan prédateur
Autre récit palpitant qui se solde avec la perte d’un voilier océanique, L’Océan prédateur se veut aussi un appel à la sensibilité de tous vis-à-vis le respect de nos océans et, plus largement, de notre environnement. Cette fois le skipper et son coéquipier ont vu la mort de très près, et j’ai pleinement ressenti la tension avec eux alors qu’ils se sont retrouvés prisonniers du cockpit durant un trop long moment. Une histoire qui donne froid dans le dos. Cet événement s’est avéré attribuable à l’erreur (ou devrais-je dire la bêtise) humaine et aurait pu être évité. Néanmoins, ce périple forme un fichu de bon récit encore une fois, comme Georges Leblanc sait si bien les raconter en toute humilité.
Je ne dévoile rien ici qui ne soit déjà connu dans les médias si vous prenez le temps de chercher, mais les faits relatés par les journalistes et ceux vécus par les protagonistes n’ont rien en commun. J’avoue que ces volumes contiennent un certain nombre de termes marins, mais j’ose espérer qu’ils ne rebuteront pas le lecteur, mais piqueront plutôt sa curiosité.
Enfin, Georges Leblanc continue d’écrire puisqu’il le fait si bien et que les livres vendus contribuent à lui procurer des commandites pour ses prochaines aventures, car malgré tous les revers, il continue de naviguer et y prend grand plaisir, ça se sent. Il a aussi écrit Les Échos de l’océan et Le Chant des sirèneschez le même éditeur. Pour se les procurer, il suffit de visiter le site du skipper :http://www.georgesleblanc.com/.
Et je vous laisse cette fois avec un bon souvenir de 2002, déjà. C’était bien moi en rouge et bleu, à côté de Georges Leblanc (même si c’est difficile à dire avec la qualité de la photo) en préparation pour une petite étape de Rimouski à Matane, sur le voilier dont fait état son deuxième livre, L’Océan prédateur. Mais qu’est-ce que je faisais-là, moi au fait? Curieux!
Bonne lecture!
Voilier

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